Les litanies du Sacré-Coeur méditées par Jean-Paul II

Prier les litanies du Sacré-Cœur avec le Pape Jean-Paul II

COEUR DE JESUS, NOTRE VIE ET NOTRE RESURRECTION

Cette invocation des Litanies du Sacré-Cœur, forte et convaincue comme un acte de foi, renferme en une phrase lapidaire tout le mystère du Christ Rédempteur.

Elle rappelle les paroles adressées par Jésus à Marthe, accablée par la mort de son frère Lazare : « Je suis la résurrection. Qui croit en moi, fût-il mort, vivra » (Jn 11,25). Jésus est la vie, qui jaillit éternellement de la source divine du Père : « Au, commencement le Verbe était, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu (... ). De tout être il était la vie, et la vie était la lumière des hommes » (Jn 1,1.4). Jésus est vie en lui-même : « Comme le Père en effet dispose de la vie - déclare-t-il - ainsi a-t-il donné au Fils d’en disposer lui aussi » (Jn 5,26).

Au plus intime du Christ, dans son Cœur, la vie divine et la vie humaine se conjuguent harmoniquement, en une unité complète et indissoluble. Mais Jésus est aussi vie pour nous. « Donner la vie » est le but de la mission que lui, le Bon Pasteur, a reçu du Père : « Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie et l’aient en abondance » (Jn 10,10).

Jésus est aussi la résurrection. Rien n’est aussi radicalement contraire à la sainteté du Christ - le Saint du Seigneur (cf. Lc 1,3 ; Mc 1,24) - que le péché ; rien n’est aussi opposé à lui, source de vie, que la mort. Un lien mystérieux lie le péché et la mort - (cf. Sg 2, 24 ; Rm 5,12 ; 6,23 ; etc) : tous deux sont une réalité essentiellement contraire au projet de Dieu sur l’homme, qui n’a pas été fait pour la mort, mais pour la vie. Devant toute expression de mort, le Cœur de Jésus s’est profondément ému, et par amour du Père et des hommes, ses frères, il a fait de sa vie un « prodigieux duel » contre la mort (Missel romain, Séquence de Pâques) : - par une parole il a restitué la vie physique à Lazare, au fils de la veuve de Naïn, à la fille de Jaïr - par la force de son amour miséricordieux il a redonné la vie spirituelle à Zachée, Marie de Magdala, à la femme adultère et à tous ceux qui ont su en reconnaître la présence salvifique.

Personne autant que Marie n’a fait l’expérience que le Cœur de Jésus est « vie et résurrection » : - par lui, vie, Marie a reçu la vie de la grâce originelle et, dans l’écoute de sa parole et dans l’observation attentive de ses gestes salvifiques, elle a pu la conserver et la nourrir ; - par lui, résurrection, elle a été associée de façon particulière à la victoire sur la mort : le mystère de son Assomption, corps et âme, au Ciel est le témoignage consolant que la victoire du Christ sur le péché et sur la mort se prolonge dans les membres de son Corps mystique, avant tout en Marie, « membre suréminent » de l’Église (Lumen gentium, 53). Glorifiée au ciel, la Vierge est, avec son Cœur de Mère, au service de la rédemption opérée par le Christ. « Mère de la vie », elle est proche de toute femme qui donne naissance à un enfant, et présente près des fonts baptismaux où, par l’eau et l’Esprit (cf. Jn 3,5), naissent les membres du Christ ; « Santé des infirmes », elle est là où la vie languit, atteinte par la douleur et la maladie ; « Mère de miséricorde », elle appelle ceux qui sont tombés sous le poids de, la faute à revenir aux sources de la vie ; « Refuge des pécheurs », elle indique à ceux qui s’en sont éloignés, la voie qui ramène au Christ ; « Vierge des douleurs » près de son fils mourant (cf. Jn 19,25), elle est là où la vie s’éteint. Invoquons-la avec l’Église : « Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort ».

COEUR DE JESUS, NOTRE PAIX ET NOTRE RECONCILIATION

En récitant avec foi cette belle invocation, un sentiment de confiance et de sécurité envahit notre âme : Jésus est vraiment notre paix, notre réconciliation suprême.

Jésus est notre paix. On connaît la signification biblique du terme « paix » : il indique, en synthèse, la somme des biens que Jésus, le Messie, a apportée aux hommes. C’est pourquoi, le don de la paix, marque le début de sa mission sur la terre, accompagne son déroulement, en constitue le couronnement. « Paix » chantent les anges à côté de la crèche du nouveau-né, « Prince de la paix » (cf. Lc 2,14 ; Is 9,5). « Paix » est le souhait qui jaillit du Cœur du Christ, ému par la misère de l’homme infirme de corps (cf. Lc 8,48) ou d’esprit (cf. Lc 7,50). « Paix » est le salut lumineux du Ressuscité à ses disciples (cf. Lc 24,36 ; Jn 19,26), qu’il confie, au moment de quitter cette terre à l’action de l’Esprit, source d’amour, joie paix" (Ga 5,22).

Jésus est, en même temps, notre réconciliation. A la suite du péché s’est produite une profonde et mystérieuse fracture entre Dieu, le Créateur, et l’homme, sa créature. Toute l’histoire du salut, n’est autre que le compte rendu admirable des interventions de Dieu en faveur de l’homme, pour que celui-ci, dans la liberté et dans l’amour, revienne à lui ; pour qu’à la situation de fracture suive une situation de réconciliation et d’amitié, de communion et de paix.

Dans le cœur du Christ, plein d’amour pour le Père et pour les hommes, ses frères, a eu lieu la parfaite réconciliation entre le ciel et la terre : « Nous fûmes réconciliés à Dieu par la mort de son Fils » (Rm 5,10). Qui veut faire l’expérience de la réconciliation et de la paix, doit accueillir l’invitation du Seigneur et aller à lui (cf. Mt 11,28).

Dans son Cœur il trouvera la paix et le repos ; là, son doute se transformera en certitude ; l’inquiétude en tranquillité ; la tristesse en joie ; le trouble en sérénité. Là, il trouvera un soulagement à la douleur, du courage pour affronter la peur, de la générosité pour ne pas se rendre à la lâcheté et pour reprendre le chemin de l’espoir.

Le Cœur de la Mère est en tout semblable au Cœur du Fils. La bienheureuse Vierge, est elle aussi pour l’Église, une présence de paix et de réconciliation : n’est-ce pas elle, qui grâce à l’ange Gabriel, a reçu le plus grand message de réconciliation et de paix, que Dieu a jamais envoyé au genre humain ? (cf. Lc 1,26-38). Marie a donné le jour à Celui qui est notre réconciliation. Elle était à côté de la Croix, lorsque dans le sang du Fils, Dieu a réconcilié « avec lui toute chose » (Col 1, 20) ; à présent, glorifiée dans le ciel, elle a - comme le rappelle une prière liturgique - « un coeur rempli de miséricorde envers les pécheurs, qui tournent leur regard vers sa charité maternelle ; en elle, ils se réfugient et implorent le pardon » de Dieu (cf. Missel, Préface de la bienheureuse Vierge Marie)

. Que Marie, Reine de la Paix, obtienne pour nous, du Christ, le don messianique de la paix et de la grâce de la réconciliation, pleine et éternelle, avec Dieu et avec nos frères. C’est pour cela que nous la prions