Charles de Foucauld et la Basilique

Depuis que l’amour du Christ l’a saisi, Charles de Foucauld est pénétré d’une grande ferveur pour le Sacré-Cœur de Jésus, qu’il portera comme un emblème sur son cœur. En juin 1889, il se consacre au Sacré-Cœur à la basilique. En 1909, au cours d’un passage en France, il y reviendra avec son ami Louis Massignon pour y passer avec une nuit d’Adoration dont il se souviendra comme d’un temps de grâces.
Plusieurs années après sa mort, lorsque la Congrégation des Petits Frères de Jésus sera fondée en 1933, c’est encore à la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre que les cinq premiers Petits frères recevront l’habit.
Le vitrail en l’honneur de Charles de Foucauld, à gauche en entrant dans la Basilique, témoigne de son attachement à Montmartre où il aimait tant prier. C’est aussi le rappel de sa spiritualité toute centrée sur le Cœur du Christ et de son amour profond de l’Eucharistie.
"Cœur Sacré de Jésus, merci de vous exposer à nos yeux, de vous donner à nous, de nous faire le don infini de votre présence, dans votre Sainte Hostie, sur le Saint Autel.
Merci de vous donner, de vous présenter, de rester avec nous ainsi tout le jour, toute la nuit, à toute heure, toute notre vie, transformant notre vie en une vie toute divine.
Merci, Cœur Sacré de Jésus, de cet excès de bonté, de cet excès de bonheur !"
A l’autel Saint Pierre, dans la crypte de la Basilique, une statue du Sacré-Cœur a été réalisée dans les années 1960 à partir d’un dessin peint par le Frère Charles de Jésus dans sa chapelle de Béni-Abbès :
« Il peint sur étoffe une image qui représente le Christ “étendant les bras pour embrasser, serrer, appeler tous les hommes et se donner pour tous ” (lettre à un ami) » dans “Charles de Foucauld” par René Bazin
Avec le Bienheureux Charles de Jésus, laissons-nous saisir par le Christ !
« Mon Père, Je m’abandonne à toi, fais de moi ce qu’il te plaira. Quoi que tu fasses de moi,je te remercie. Je suis prêt à tout, j’accepte tout. Pourvu que ta volonté se fasse en moi, en toutes tes créatures, je ne désire rien d’autre, mon Dieu. Je remets mon âme entre tes mains. Je te la donne, mon Dieu, avec tout l’amour de mon cœur, parce que je t’aime, et que ce m’est un besoin d’amour de me donner, de me remettre entre tes mains, sans mesure, avec une infinie confiance, car tu es mon Père. »
L’Adoration de nuit.
« Il monta dans la montagne seul, pour y prier. Et le soir venu, il était là tout seul »… Notre Seigneur prie seul, prie la nuit… C’est une habitude chez lui… Bien des fois l’Evangile nous répète : « il se retira seul pendant la nuit pour prier »… Aimons, chérissons, pratiquons à son exemple la prière nocturne et solitaire… Quand tout sommeille sur la terre, veillons et faisons monter nos prières vers notre Créateur… S’il est doux d’être en tête-à-tête avec ce qu’on aime au milieu du silence, du repos universel et de l’ombre qui couvre la terre, combien est-il doux d’aller, en ces heures, jouir du tête-à-tête avec Dieu !..
Mon Dieu, que Vous êtes bon ! Je suis devant le Saint Sacrement, et le Saint Sacrement exposé ! Quelle félicité ! Que je suis près de Vous, contre Vous, mon Dieu !
Faites que j’y sois comme je le dois, donnez-moi les pensées, les paroles que je dois avoir, en Vous, par Vous et pour Vous !
(Méditations sur l’Evangile au sujet des principales vertus, Mathieu 14,23, L’Esprit de Jésus, p. 75)
A la suite du bienheureux Charles de Foucauld venu si souvent prier à la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, vous aussi, venez adorer le seigneur !
Depuis plus de 130 ans les fidèles assurent la prière devant le Saint Sacrement exposé :
Chaque jour : de 6h à 23h : entrée libre pour tous, la prière est ponctuée parla célébration de la messe et des offices.
Chaque nuit : de 23h à 6h : les portes se referment ; la prière d’adoration silencieuse continue, assurée par tous ceux qui se sont inscrits au préalable (24h à l’avance – hébergement sur place).
« Charles de Foucauld et le Sacré-Cœur de Montmartre »
Par M. Laurent Touchagues,Président du Bulletin des Amitiés Charles de Foucauld,pour le 1er décembre 2010.
Année jubilaire de l’Adoration eucharistique et neuvaine préparatoire à la fête liturgique du Bienheureux Charles de Foucauld : occasions propices de faire mémoire des relations que ce grand adorateur eucharistique a entretenues avec la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, dont les Oblats du Sacré Cœur furent les premiers chapelains, avant que le diocèse de Paris prenne la responsabilité directe de l’œuvre, en 1903.
Dans l’immense campagne de consécrations de 1889, troisième année de sa conversion, – cette année-là, Montmartre accueille cinq cent mille consécrations dont celles de cent mille familles – Charles de Foucauld se consacre lui aussi au Cœur de Jésus, le 6 juin, dans sa paroisse Saint-Augustin. Les formulaires remplis par chacun des fidèles sont reliés et remis en un volume au Sacré-Cœur, le 21 juin.
La dévotion de Charles de Foucauld au Sacré Cœur s’amplifie avec l’approfondissement de sa vocation. Ayant passé sept ans dans la vie trappiste et trois ans comme domestique des Clarisses de Nazareth, il écrit le 16 mai 1900 à l’abbé Huvelin, son père spirituel, prêtre à Saint-Augustin, pour l’entretenir de sa demande à « l’évêque de Montmartre » – joli titre que Foucauld attribue au cardinal-archevêque de Paris très attaché au sanctuaire national – Mgr Richard, de porter l’habit d’ermite du Sacré Cœur.
Frère Charles de Jésus commence ensuite son séjour au Sahara, dans le poste sud-algérien de Beni Abbès. Le 8 mai 1902, il fait enregistrer à Montmartre le règlement de la confrérie du Sacré Cœur, qu’il a fondée à Beni Abbès, confrérie dont l’agrégation à l’Archiconfrérie du Vœu national porte le n° 619 sur les registres.
Mais cette confrérie ne lui suffit pas. Il veut faire partie de la section sacerdotale fondée par les Oblats du Sacré Cœur. Le Bulletin de Montmartre du 21 août 1902 cite la lettre d’un « ardent missionnaire de l’Afrique » en date du 16 avril 1902 : « J’ai reçu les imprimés concernant les Prêtres-Apôtres du Sacré-Cœur… ». Quelques mois plus tard est publié « l’Acte de consécration de la mission du Sahara français au Sacré Cœur de Jésus, fait en la fête de saint Joseph… le 19 mars 1902, à Ghardaïa du Mzab ».
Une nouvelle lettre de Charles de Foucauld, du 18 décembre 1902, est publiée par deux fois. Il y clame toute sa tristesse de voir ce grand pays – le Maroc qu’il ambitionne d’évangéliser – et tous ses habitants encore privés de la lumière qui a resplendi à Noël.
Le 8 janvier 1903, il écrit dans son diaire : « Reçu hier une lettre importante de M. l’Abbé Yenveux, des chapelains de Montmartre. Il annonce Congrès Prêtres-Apôtres, à Montmartre le 14 janvier et se propose d’y parler en faveur du Maroc ; il me demande une lettre détaillée à ce sujet. (…) Commencement des relations avec Montmartre au sujet de Marguerite. Je mets autant que cela est possible l’évangélisation du Maroc et le Maroc lui-même sous la protection de la Bse Marguerite-Marie, la donnant, dans la mesure que je peux, au Maroc, comme patronne » (Carnets de Beni Abbès, page 52).
Frère Charles envoie au P. Yenveux un appel de sept pages en faveur de la conversion du Maroc par la prière et la pénitence, par la venue de missionnaires et de religieuses. Plus tard, il demande un « ex-voto de gratitude… à Montmartre… pour l’installation du Saint Sacrement à Tamanrasset en date du 8 septembre 1905 ».
Lors de son séjour à Paris, en 1909, il monte passer la nuit du 21 février en adoration à la basilique, y entraînant Louis Massignon qu’il regarde comme un possible compagnon pour le Sahara. S’il entrecoupe son séjour à Tamanrasset (1905-1916) de trois voyages en France (1909, 1911 et 1913) c’est dans le but d’y promouvoir une nouvelle confrérie, association dont il obtient l’approbation sous le nom d’ « Union des Frères et Sœurs du Sacré Cœur de Jésus ». Cette Union se propose trois buts, dans l’ordre : la pratique des vertus évangéliques, la dévotion au Très Saint Sacrement et la conversion des âmes, spécialement de ceux qui ne connaissent pas le Christ.